Chaque année, à l’issue des championnats professionnels, un autre type de match se joue dans les bureaux de la Ligue de football professionnel : celui du passage devant la DNCG. Si ces quatre lettres sont souvent associées à des décisions de relégation ou d’encadrement de la masse salariale, leur rôle va bien au-delà. Mais que fait vraiment la DNCG ? Et pourquoi son avis est-il si important pour les clubs comme l’ASNL, récemment promue en Ligue 2 ?
La DNCG est souvent présentée comme le « gendarme financier » du football professionnel. Il y a 2 DNCG : une à la LFP pour l’ensemble des clubs professionnels et l’autre à la FFF, pour les clubs fédéraux du National et l’ensemble des clubs de N2, N3, ainsi que des D1 et D2 féminines.
Ses missions sont de préserver l’équité des compétitions, d’assurer la viabilité des clubs à moyen/long terme et d’éviter les faillites de clubs. Mais au-dessus de tout, sa vocation première est de s’assurer qu’un club ne fasse pas défaillance en cours de saison, afin de ne pas fausser les championnats.
La DNCG, ou Direction nationale du contrôle de gestion, est un organe de contrôle économique et financier des clubs de football professionnels français créé en 1984. La DNCG « professionnelle » est une commission indépendante, hébergée par LFP, qui est elle même une délégation de la LFP. Ses moyens d’analyse et les hommes et femmes chargés d’analyser les comptes sont des salariés de la LFP. En revanche, toutes les décisions sont prises par ses 18 membres, qui sont désignés par la FFF (5 membres), par la LFP (5 membres), et par les différents syndicats des clubs, des joueurs, des entraîneurs, des administratifs (2 membres chacun). En ce sens la DNCG est indépendante dans ses décisions, même si un dialogue permanent existe forcément entre la DNCG, la LFP et la FFF.
Son rôle ne se limite pas à sanctionner : la DNCG accompagne les clubs, les pousse à adopter une gestion saine et anticipe les difficultés avant qu’elles ne deviennent critiques.
Chaque club professionnel doit présenter ses comptes à la DNCG à la fin de la saison, en général entre mai et juillet.
La DNCG examine en particulier 4 choses :
1- les budgets prévisionnels et les comptes annuels.
2- la cohérence des dépenses prévues (salaires, charges, etc..) et les recettes prévisionnelles annoncées (TV, billetterie, sponsoring, transferts, etc…).
3- la solvabilité et la capacité des clubs à finir la saison sans générer de déficit insoutenable.
4- la garantie éventuellement fournie par l’actionnaire.
Les clubs doivent donc fournir l’ensemble de leurs bilans comptables, leur budget prévisionnel, l’historique des budgets réalisés (pour vérifier la cohérence) et un maximum de pièces pouvant justifier des recettes ou des éléments exceptionnels (contrats de transferts, de sponsoring, de subventions, de garanties, etc…). Les clubs comparaissent à la fin de chaque saison mais aussi à la fin de chaque année civile.
La DNCG a la possibilité d’imposer des mesures de gestion, comme l’obligation d’apporter des garanties financières (cautions, avances de fonds…), un encadrement de la masse salariale, une interdiction de recrutement… Si un club présente une situation jugée incompatible avec les exigences, à risque ou peu sincère, la DNCG peut prononcer des sanctions :
Encadrement de la masse salariale : le club ne peut pas dépasser un plafond de dépenses pour ses joueurs.
Interdiction de recruter : si le budget est trop fragile, le club peut se voir interdire d’enregistrer de nouveaux joueurs.
Relégation administrative : dans les cas extrêmes, un club peut être rétrogradé dans la division inférieure, indépendamment de ses résultats sportifs.
Non-accession : un club qui monte sportivement peut se voir refuser l’accès à la division supérieure pour raisons financières.
Ces décisions sont motivées et peuvent faire l’objet d’un appel, qui est ensuite examiné par une commission supérieure.
Avec son retour en Ligue 2, l’AS Nancy Lorraine change d’échelle, notamment sur le plan budgétaire. L’augmentation des coûts (déplacements, sécurité, salaires, charges sociales) doit être couverte par des recettes en hausse. Or, les droits TV en Ligue 2 ont fortement diminué ces dernières années, ce qui fragilise le modèle économique de nombreux clubs.
Le passage devant la DNCG est donc une étape clé pour valider le projet de l’ASNL et rassurer sur sa capacité à évoluer durablement en Ligue 2. C’est aussi une garantie pour les joueurs, les partenaires et les supporters que le club est entre de bonnes mains…
Les actionnaires, Chien Lee et Krishen Sud, ont récemment publié un communiqué pour expliquer leur stratégie et les mesures prises pour assurer la pérennité du club. Début mai, ils ont souligné que la montée en Ligue 2 représente une étape importante, mais que des efforts restent nécessaires pour stabiliser les finances du club. Ils ont annoncé une nouvelle phase de restructuration visant à réduire les pertes d'exploitation et à investir davantage dans l'équipe première. Cette démarche s'inscrit dans la volonté de présenter un budget équilibré à la DNCG.
Le ton se veut rassurant, mais certaines déclarations appellent des clarifications, voire des interrogations, à l’approche du verdict de la DNCG. Dans leur message, les actionnaires revendiquent une approche responsable : « Nous avons restructuré le club et réduit les coûts tout en gardant les infrastructures nécessaires pour une montée. » Une manière de justifier que la réussite sportive de la saison 2024-2025 n’est pas le fruit du hasard mais d’une stratégie maîtrisée. Ils affirment avoir poursuivi les efforts de redressement financier entamés après leur arrivée.
On comprend également qu’un budget prévisionnel est en cours de finalisation pour la saison 2025-2026, dans l’optique d’un passage devant la DNCG prévu « courant juin ». Le club indique qu’il prévoit d’investir davantage dans l’équipe première, tout en maintenant des mesures de rationalisation.
Le communiqué évoque un « club plus simple, plus agile et plus efficace », mais reste flou : s’agit-il de suppressions de postes ? D’un recentrage sur certaines missions ? D’un désengagement sur la formation ? Les mots sont lissés, les intentions affichées, mais les moyens restent hors-champ.
Les actionnaires annoncent le maintien du centre de formation, en contradiction avec la rumeur de sa fermeture évoquée dans la presse et redoutée par les supporters. Mais là encore, la formulation interroge : « Cela reste un poste de dépense important », précisent-ils, en soulignant qu’il est maintenu « malgré les pertes ». En clair : le maintien est conditionné à une amélioration financière future, ce qui laisse planer un doute sur sa pérennité.
S’ils affirment vouloir « viser une montée en Ligue 1 » en cas d’opportunité, les actionnaires restent prudents : aucune feuille de route sportive claire n’est dévoilée, ni aucun budget chiffré. On ne sait pas si des renforts significatifs sont prévus, ni quelle est la masse salariale visée.
Autrement dit, le club demande une forme de confiance à ses supporters et partenaires, sans livrer de preuves tangibles. La gestion discrète, voire opaque, des finances sous cette gouvernance reste un sujet de préoccupation, notamment dans un club encore marqué par les difficultés récentes (dettes, relégation, masse salariale encadrée par la DNCG en 2022). Il n’est pas certain non plus que l’absence de Nabil El Yaagoubi (licencié il y a peu), pierre angulaire depuis 17 ans au club, passe inaperçue et n’envoie pas un mauvais message aux instances. A suivre donc.
La DNCG évalue en tout cas la solidité financière d’un club promu comme celle de tous les autres clubs, avec juste un peu plus d’attention, pour être sûre que le club peut soutenir financièrement les exigences de la division supérieure. C’est particulièrement le cas pour les clubs promus de National sous statut fédéral, mais l’ASNL a conservé le statut professionnel en National.
Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG, s'est exprimé à travers différents médias. Il a partagé son inquiétude grandissante quant à la viabilité et la pérennité du système du football français. Il a notamment déclaré, dans Ouest France le 23 mai dernier,
« Il n'est pas exclu qu'il y ait cette saison une ou plusieurs rétrogradations administratives. Nous pensons que tout club qui n'a pas été qualifié au cours des deux, trois dernières saisons en coupe européenne et qui ne bénéficie pas d'un actionnaire très solide est en danger. »
La DNCG fait figure d’exception en Europe. Si des mécanismes similaires existent ailleurs, peu de ligues vont aussi loin dans le contrôle et la transparence. De nombreux observateurs saluent son efficacité, notamment pour avoir évité de nombreux dépôts de bilan depuis sa création. Mais elle est aussi parfois critiquée pour son manque de flexibilité ou sa sévérité. Quoi qu’il en soit, son rôle reste central dans le football professionnel français. Et pour les clubs, réussir le test DNCG est aussi important que de bien négocier leur mercato.
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