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Walid Bouabdeli « C'est dans ma mentalité de tout donner »

Découvrez aujourd'hui une interview portrait de notre N°8 arrivé durant l'été 2023 en provenance de Reims Sainte-Anne, où il évoluait en National 3. 

Issu du monde amateur, Walid Bouabdeli a su s'adapter au monde professionnel la saison dernière, grâce à son sérieux, sa persévérance, son adaptabilité, sa technique, ses qualités athlétiques et son travail. S'il a disputé des bouts de matchs durant l'exercice 2023/2024, il s'impose, cette année, comme un titulaire indiscutable du 11 de Pablo Correa... Un coach qui l'apprécie d'ailleurs énormément et ne tarit pas d'éloges à son sujet ! 


En 2020, tu avais déjà fait un essai avec l'ASNL... Afin d'évoluer avec l'équipe réserve dirigée par Paul Fischer à l'époque. Cela n'a pas abouti. Pourquoi ?

C'était fin février. J'étais en N3 à Epernay, je fais un bon début de saison. A l'aller, on joue contre Nancy à Picot. J'avais fait un bon match, et on m'a appelé pour faire une semaine d'essai au club. J'y suis allé, tout s'était très passé, que ce soit au niveau de mon intégration ou ce que j'ai proposé. Les coachs étaient contents de moi. On avait même fait un amical où j'avais marqué beaucoup de buts. A la fin, ils m'ont dit que je reviendrai pour refaire des séances d'entraînements avec eux et préparer la suite... Sauf que le COVID arrive, les championnats sont arrêtés... Tout était en standby. Quand les championnats ont redémarré, personne n'a repris contact. Je me suis dit que c'était le destin.

Tu es un exemple d'abnégation et de persévérance pour des jeunes qui aimeraient signer en pro... C'est un de tes anciens coachs qui le dit ! Hervé Papavero. Tu en penses quoi ? 

[rires] C'est gentil... Mais un exemple, je ne sais pas. Même si je ne m'attendais pas à arriver à Nancy, à ce niveau, je me donnais toujours à fond et j'étais sérieux en N3... Même si ce n'était "que de la N3". On va dire que l'exemple c'est juste que le travail paye... Ce n'est pas moi l'exemple ! C'est le travail. Ceux qui travaillent, ça payera un jour ou l'autre. Ou au moins, ils auront fait les causes pour. 

Quand même... Par exemple, tu n'as pas eu de chance comme en 2020, avec une pandémie mondiale... Beaucoup aujourd'hui abandonnent face aux obstacles ! 

Justement, si après ça j'arrête de travailler... Que je me dis que je n'ai pas de chance... Ca ne sert à rien. Je travaille pour moi. Pas pour les autres. Dans ma vie, quand j'ai des obstacles, c'est une force. Ca veut dire que c'était destiné à m'arriver et qu'à ce moment-là il ne pouvait pas y avoir une meilleure chose pour moi que cet obstacle. Je crois beaucoup au destin. Si tout ne se passe pas comme on le souhaite, c'est qu'à ce moment-là ça ne devait pas se passer autrement.

Quel regard portes tu sur ton évolution et ton adaptation au sein du club depuis un peu plus d'un an ? 

Un an c'est quand même beaucoup de temps je trouve pour s'adapter... Mais je me suis entraîné, préparé, individuellement. J'ai travaillé, j'ai écouté beaucoup les coachs, j'ai regardé des matchs pour comprendre ce qu'il fallait faire. J'ai persévéré. Dès que j'avais du temps de jeu, je me suis donné à fond pour gagner ma place. Je travaille toujours physiquement pour être prêt. 

Tu es polyvalent, buteur, passeur, actif, tu sais jouer entre deux zones, et tu es un électron libre... Mais à quel poste te sens-tu le plus à l'aise ? 

C'est vrai que je peux jouer à droite, à gauche, au milieu, devant. Peu importe où on me met tant que je joue je suis content. Je peux m'adapter au poste. Mais je préfère être dans l'axe ou sur le côté gauche !

Comment tu as vécu le changement de coach en novembre 2023, avec le départ de Benoît Pedretti et l'arrivée de Pablo Correa ? 

Je n'ai pas l'habitude des changements de coach en cours de saison, à la suite de mauvais résultats... C'était nouveau pour moi. J'étais triste pour Benoît Pedretti parce que c'est nous qui étions sur le terrain. Mais le club a fait un choix. Quand Pablo Correa est arrivé, il fallait se montrer pour gagner sa place dans le groupe. C'est ce que j'ai essayé de faire, j'ai montré mes qualités et Pablo Correa m'a fait confiance. Il me pousse toujours à me surpasser, à tout donner sur le terrain. C'est aussi ma mentalité, je préfère avoir du déchet et m'être donné à fond. Être à 100% c'est le minimum sur le terrain. Le coach, c'est aussi ce qu'il veut. Qu'on tente, qu'on ne regrette pas, qu'on aille de l'avant. On est sur la même longueur d'ondes.

Comment tu te sens par rapport à ton début de saison ?

Je me sens bien. Mais objectivement j'aurais pu faire mieux sur quasiment tous les matchs. J'essaye de m'améliorer au quotidien. Mon seul objectif c'est d'être le plus performant possible pour aider l'équipe à prendre trois points chaque week-end et faire en sorte d'être le plus haut dans le classement.

Qu'est-ce que tu vois à améliorer ?

Tout ! Je peux m'améliorer partout, mentalement, physiquement, techniquement. J'ai une marge de progression, je le sais, c'est à moi de faire en sorte de travailler et d'atteindre mes objectifs.

Pour toi, le collectif passe avant ton individualité. A quoi ça tient ? 

Si je ne suis pas décisif sur un match, je dois par tous les moyens aider l'équipe. Je ne veux pas être un joueur inutile. Je dois aider l'équipe dans mes déplacements, dans mes passes, mes transitions, mes efforts défensifs. Je ne peux pas être limité au fait d'être décisif (but, passe). C'est ma façon de voir le football, je sais qu'avant tout on doit gagner le match, peu importe la manière. Que ce soit moi qui marque ou mon coéquipier, c'est le collectif qui doit primer pour moi. 

Par rapport aux statistiques, tu dis que tu n'as pas d'objectif de buts, pourtant, aujourd'hui les datas forment une donnée centrale sur laquelle beaucoup de joueurs s'appuient. Tu en penses quoi ? 

Pour moi le football ne se résume vraiment pas aux statistiques... C'est ma vision des choses. Je préfère être bon sur le terrain, apporter à l'équipe, ne pas marquer, plutôt qu'être mauvais entre guillemets et mettre un but sans aider plus que ça l'équipe ou que l'on perde le match. Je sais que les statistiques c'est très important aujourd'hui... Mais ce n'est quand même pas ma vision des choses.

Aujourd'hui, on voit bien qu'il y a une belle complicité entre Cheikh Touré et toi, qui se ressent sur le terrain. Vous avez, de surcroît, des parcours similaires. Comment vous évoluez ensemble ? 

Cheikh... C'est comme un frère. En fait, c'est un frère. On se parle beaucoup, que ce soit à propos du foot ou en dehors. On se dit tout et sur le terrain on a une bonne relation. On essaye de s'améliorer de jour en jour sur notre complicité sur le terrain. J'apprends beaucoup de lui, il est plus âgé et a plus d'expérience que moi... Mais on a le même genre de parcours, c'est peut-être ça qui nous a rapproché aussi. Dans tous les cas on s'entend très bien. 

Beaucoup oublient que tu ne viens pas du monde professionnel... Qu'est-ce que le monde amateur t'as apporté ? 

La stabilité car j'ai pu rester près de mes proches. C'est une force dans la vie de tous les jours. Le monde amateur m'a apporté une liberté et une insouciance, j'ai pu jouer sans "pression". Il y a des avantages et des inconvénients des deux côtés et c'est certains que les différences sont grandes entre le monde professionnel et amateur. Si tu es prêt mentalement et que tu vas dans un centre de formation, que tu as un bon entourage, l'apprentissage est forcément meilleur. Ca ne peut qu'être bénéfique. Mais chacun son chemin, son parcours. 

Tu es très apprécié à Reims... Hervé Papavero, ton coach en 2022/2023 et Norman Saivet ton éducateur entre 2014 et 2016, tous deux à Reims Saint-Anne, ne sont clairement pas été avares de compliments envers toi. Ca tient, j'imagine, à l'éducation que tu as reçue, et aux valeurs qui sont importantes pour toi ? 

On m'a toujours appris à travailler, à donner toujours plus pour ne pas avoir de regrets. Si les choses positives n'arrivent pas, tant pis, le principal c'est que je fasse en sorte de réussir, de jouer, d'aider l'équipe. Si malheureusement parfois les résultats ne sont pas là je peux au moins me dire que je me donne toujours à fond et avoir cette satisfaction, sans regretter quoi que ce soit. 

D'ailleurs tu rentres beaucoup à Reims, c'est important tes attaches ?

Oui, je suis très famille et j'ai un cercle d'amis restreint. J'ai besoin d'être entouré de mes proches, c'est là où je me sens le mieux. Ca me permet de recharger mes batteries, c'est important. J'ai la chance d'être à côté, à moins d'une heure de train. Quand j'ai du temps libre le week-end, je vais là-bas, toujours. 

Tu as tes valeurs et tu t'y tiens... Sans prendre la grosse tête. 

Comme tu l'as dis avant, c'est dans mon éducation. C'est aussi beaucoup mon entourage qui joue sur ça. Je ne me mélange pas avec n'importe qui. J'ai des grands frères qui m'ont toujours montré la bonne voie, le bon exemple. Mes amis savent me faire garder les pieds sur Terre. Et aussi, je suis croyant. Je m'appuie beaucoup sur ça dans la vie de tous les jours, c'est important d'être bon avec tout le monde, d'être discret, humble. Pour moi c'est juste normal. Il faut être comme ça dans la vie... Et croire en son destin ! 


Walid Bouabdeli vu par ses anciens coachs !

Norman Saivet, son éducateur entre 2014 et 2016, en U15/16, à Reims Sainte-Anne : 

Quelles impressions Walid vous a fait pendant ces deux ans ?

N.S : Sur l'aspect personnel, c'est un garçon très discret, respectueux, humble, et très mature. Ca fait partie de l'éducation qu'il a reçu, chez lui c'est l'école avant le foot. De manière générale il m'a toujours impressionné car il est au dessus du lot. Pour le football, son aisance technique était saisissante, au dessus de la norme. Et il la mettait toujours à disposition du collectif. Sa faculté à accélérer et sa vitesse m'ont aussi beaucoup impressionné. J'ai souvent toqué à la porte du Stade de Reims pour qu'il intègre le club mais ça n'a pas abouti, j'étais déçu pour lui. Il aurait pu intégrer un centre dès son plus jeune âge. Mais aujourd'hui, il mérite tout ce qui lui arrive.

Comment l'avez-vous vu évoluer ?

N.S : Au début, il s'appuyait sur son aisance technique, mais au fur et à mesure il a développé d'autres compétences comme le jeu aérien. Il a grandi et il a très bien évolué également sur la finition. Il était plutôt en 10 derrière les attaquants dans les équipes jeunes. 

J'imagine que vous le suivez toujours aujourd'hui ! 

N.S : Oui, on le suit ici, toujours, moi le premier ! Je l'apprécie énormément et je l'encourage toujours. Dès qu'il peut, il revient au club. Il n'a pas changé, si ce n'est qu'il est plus musclé qu'avant... [rires]

Un petit message à lui faire passer ? 

N.S : Continue à bosser, reste humble et sérieux, il n'y a pas de raisons que les bonnes choses ne continuent pas à t'arriver !

La question de Norman Saivet à Walid Bouabdeli : Qu'est-ce que tu gardes en souvenirs de tes années à Sainte-Anne ?

W.B : Que du positif... C'était l'apprentissage, mes débuts sur le terrain à 11, je n'ai que de très bons souvenirs... On a fait des montées, on a gagné des championnats... J'y ai aussi fait mon premier match en sénior. C'est vraiment le club qui m'a poussé à aller de l'avant. Ils m'ont toujours soutenu, poussé. Quand je faisais des bons matchs, tout le monde essayait toujours de ramener la lumière sur moi. C'est mon club de coeur. 


Hervé Papavero, son coach en 2022/2023 (Walid Bouabdeli inscrit 22 buts et termine meilleur buteur de la poule du Grand Est) à Reims Sainte-Anne :

Qu'est-ce qui vous a marqué chez Walid ?

H.P : Au delà des 22 buts, il ne rechignait pas à l'effort défensif. Les statistiques sont impressionnantes sur ses buts, mais il fait une grande saison pour l'ensemble de son oeuvre ! Il marque plus de 2/5ème des buts de l'équipe. C'était la première fois qu'il jouait plus axial, ça a bien marché. C'est amplement mérité qu'il évolue en pro aujourd'hui. 

Quelles sont les qualités que vous avez décelé en lui ?

H.P : Il est très travailleur. Il a de grosses qualités athlétiques, un jeu de corps très intéressant... Alors qu'il n'a pas été formé en professionnel ! A l'époque, il avait toujours faim sur le terrain, pendant les matchs mais aussi à l'entraînement. Il a aussi une belle qualité de frappe. Et surtout, son mental : il sait ce qu'il veut et il se donne les moyens de réussir. Humainement, c'est également quelqu'un de très droit. 

Un petit message à lui faire passer ?

H.P : Tu mérite ce qu'il t'arrive ! Tu t'es donné à fond, maintenant il faut que ça perdure, c'est peut-être la phase la plus difficile. Mais je suis content pour toi. Tu es un exemple pour les jeunes qui aspirent aux mêmes choses que toi. 

La question de Hervé Papavero à Walid Bouabdeli : Quand est-ce que tu m'invites à un match à Nancy ? 

W.B : Avec plaisir dès qu'il veut... [rires]. Mais il faut trouver un créneau car il coach toujours... 


Walid... Le foot et toi !

Qu'est-ce qui t'as donné envie de faire du foot et d'être footballeur ?

Ce sont mes grands frères et mon père... Et puis la passion, l'envie de relever des défis, d'aller au plus haut niveau. 

Tu aurais fait quoi sinon ?

J'allais entamer une licence pour être prof d'EPS (STAPS).

Un joueur que tu admires ?

[sourire] Karim Benzema ! 

Un match de légende ?

Real-PSG quand le Real prend la Ligue des Champions avec Karim Benzema.


Et dans l'effectif... Qui est le plus :

- Gentil : Bakari, Max, Teddy...

- Discipliné : Marco !

- Talentueux : Teddy et Adrian

- Boute-en-train : Alassane et Oumar ! 


Merci Walid pour cet entretien et ces échanges enrichissants qui reflètent bien ta personnalité... Une personnalité qui impose le respect en tous points. Les très beaux souvenirs que tu as laissé à Reims sont amplement justifiés... Toute l'équipe de Fans of Nancy te souhaite une excellente deuxième saison sous les couleurs de l'AS Nancy Lorraine et espère continuer à te voir t'épanouir aussi longtemps que possible ainsi qu'à te battre pour le chardon ! 

Un grand merci également à Norman Saivet et Hervé Papavero pour votre disponibilité et vos réponses.


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