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Yanis Barka « C'est quand on s'en va que l'on se rend compte de la chance que l'on avait. »

Yanis Barka, ex attaquant / ailier gauche formé à l'AS Nancy Lorraine, a participé à la Kings World Cup. La compétition, organisée par Gerard Piqué, voyait s'affronter des équipes formées par 7 joueurs et réunissait de nombreuses personnalités comme Zlatan Ibrahimovic. Convoqué pour représenter la France aux côtés de Samir Nasri et Jérémy Ménez, Yanis Barka s'est illustré par de beaux buts et passes décisives. Il a été l'un des joueurs clés de l'équipe française. L'occasion pour nous de prendre de ses nouvelles... A quatre mains, avec Juliette Schang et Emile Pawlik.


J.S : Yanis, tu as été repéré par Patrick Gabriel en 2013. Quel était le contexte ?

Je jouais au CREPS de Reims et on a fait un match contre Nancy en catégorie U15. On avait gagné, j'avais mis un doublé, et à la fin du match Patrick Gabriel m'a proposé un contrat de trois ans au centre de formation. Ca s'est enchaîné assez vite pour moi ensuite. C'étaient mes plus belles années au centre de formation, avec ma génération 98', on a fait deux fois les play-off et j'en garde d'excellents souvenirs. Je suis resté 8/9 ans au club, et j'ai eu du mal à décrocher après être parti.


J.S : Tu as été lancé très rapidement avec l'équipe première finalement... En 2017/2018, tu te prépares pour une saison en CFA 2 avec l'équipe réserve. Puis tu es catapulté en Coupe de France...

Oui, j'avais fait le tournoi de Toulon avec l'Equipe de France l'été, j'ai repris avec la réserve et j'avais bien commencé avec 7 buts en trois mois. Vincent Hognon m'a directement pris pour le match de coupe de France, contre Rungis qui évoluait en N3, j'avais inscrit un triplé. Le week-end d'après, j'étais titulaire en Ligue 2. C'était spécial car c'était à Marcel Picot... J'avais l'impression de ne pas être dans la réalité, mais d'être dans un jeu vidéo tellement c'était beau, tellement il y avait du bruit et de la lumière... Il y a une grosse ambiance encore maintenant, je regarde toujours les matchs et en National 1... C'est impressionnant...


J.S : La saison d'après, tu as été prêté à Marignane en National 1. Comment ça s'est passé pour toi là-bas ?

Après le départ de Vincent Hognon, ça ne collait pas trop avec le coach [NDLR : Yanis est prêté pour la saison 2018/2019, c'est Didier Tholot qui débute la saison sur le banc de l'entraîneur] donc j'ai été prêté. J'étais jeune et ça m'a fait du bien. A Nancy on est très protégés. C'est quand on s'en va que l'on se rend compte de la chance que l'on avait. On est dans un cocon. Et ça, des petits jusqu'aux pros... A Marignane, c'était compliqué. C'était chacun pour soin, c'était une autre philosophie. A Nancy, on pensait toujours au collectif, à l'équipe, on se battait pour le chardon, pour le club avant tout. Moi je préfère cet esprit. J'ai été éduqué à la nancéienne, je suis arrivé à 14 ans, on m'a appris de cette manière et je continue à fonctionner ainsi. Quand j'en parle avec mes amis qui ont été formés avec moi, on se rend compte qu'on s'est tous retrouvés dans la même situation : on a mis du temps à passer le cap en partant de Nancy. On s'y sentait tellement bien, on aurait pu y faire toute notre carrière.


J.S : Tu t'y sentais tellement bien qu'un retour te tentes, n'est-ce pas ?

Bien sûr, ça me ferait plaisir. Surtout que j'ai suivi la remontada depuis novembre avec Pablo. Le vendredi soir je suis toujours devant les matchs. Même si les têtes ont changé sur le terrain, ça reste Nancy. Je suis pour donner de la force et du soutien au club. D'ailleurs, j'ai reçu beaucoup de soutien de la part des supporters. Vous m'avez donné beaucoup de soutien et ça m'a fait vraiment plaisir. Je ne pensais pas que l'on me suivait encore. J'étais assez surpris, mais agréablement. Ca m'a fait chaud au cœur, car j'ai encore une forte attache pour le club.


J.S : Tu es un joueur doté de multiples qualités, mobilité, sens du déplacement, fluidité, capacité à marquer... On l'a bien vu pendant la compétition.

[rires] Oui, enfin, c'est mon éducation footballistique, c'est ma base ces qualités-là. C'est ce que j'ai appris à Nancy, avec mes coachs, avec M.Gabriel, et en pro. La technique, le déplacement, le jeu intelligent, c'est la marque de fabrique de la formation nancéienne. Je continue à travailler tout ça.


J.S : Tu évolues à Beauvais en National 2 depuis décembre 2022, cette saison tu as mis 11 buts pour 26 apparitions. Comment tu te sens là-bas ?

C'est ma deuxième maison, ça ressemble un peu à Nancy, c'est pour ça que ça se passe bien. Je marque à toutes les saisons, l'année dernière j'ai joué six mois, j'ai mis 8 buts. Je suis assez exigeant avec moi-même. Forcément, j'ai grandi depuis mon départ de Nancy, je sais ce que j'ai besoin de faire, ce dont j'ai besoin de travailler...


E.P : Sur la Kings World Cup, comment est-ce que tu décides à participer aux détections ? 

Mes cousins m’ont fait une surprise en m’inscrivant. J'avais juste eu l'information du concept, après, je ne suivais pas trop les streamers, on va dire. Je savais qui était Aminematue. Mais j'ai une fille et un garçon, à 22h, ils sont au lit, et 22h30, je dors donc je n’ai pas trop le temps de regarder les influenceurs. Mon dossier était passé à la trappe lors des premières sélections et lors de la deuxième sélection j’ai été contacté. Mes cousins étaient choqués et hyper contents. Je suis allé aux détections, ça s’est bien passé et j’ai été sélectionné pour la compétition.


E.P : On imagine que vous avez beaucoup appris au contact de grandes stars comme Jérémy Ménez ou Samir Nasri ?

C’était une sacrée expérience. La vraie star c’était Samir Nasri, il avait plein d’anecdotes à nous partager. Ses aventures avec Pep Guardiola, son expérience de footballeur… Après, quand j’étais petit, je suivais beaucoup Nasri donc j’étais plus attiré par ce qu’il racontait. En plus, avec sa blessure (Samir Nasri s’est blessé dès le premier match) il est limite devenu le coach parce qu’il avait le meilleur ressenti footballistique sur le côté. Mais Jérémy Ménez c’est aussi un top mec, il nous a beaucoup conseillé.


E.P : 3 buts, 2 passes décisives sur l’ensemble des matchs, c’est un bon bilan. Comment tu te sentais sur ce terrain si particulier alors que vous étiez des joueurs de foot à 11 ?

C’était vraiment atypique, un nouveau format avec leurs règles aussi. Les premiers matchs on a l’impression d’être un peu perdus ou de se faire voler. Comme on est habitué au foot à 11, il faut s’adapter à un nouveau football. Les seuls points communs c’est le ballon et les cages, le reste ça n’a rien à voir. Ils ont créé quelque chose de nouveau, la sensation sur le terrain est décuplée, il se passe tout le temps quelque chose, les aller-retours, on n’a pas le temps de respirer parce que ça s’enchaîne pendant 40 minutes. T’es limite dans un jeu vidéo.


E.P : Parle nous des émotions que tu ressens lorsque tu marques dans des moments cruciaux...

Au premier match, il y avait peut-être 500 spectateurs. J’ai le pénalty final et Jérémy Ménez me donne le ballon et m’envoie au charbon. Ça ne me dérangeait pas parce que j’ai quand même connu des matchs avec plus de pression avec Nancy contre Lyon en Coupe de France, par exemple. Je tire à droite, elle rentre et là on aurait dit qu’il y avait 80 000 personnes qui nous insultent. J’adore ces ambiances un peu chaudes donc ça ne me dérangeait pas. Pour le but de l’égalisation au deuxième match, je me suis inspiré du foot à 11. J’ai dit à mon coéquipier frappe la fort au premier poteau, je coupe et ça a fonctionné.


E.P : Comment est-ce que tu vis l’élimination suite à ce scandale d’arbitrage (pénalty adverse qui n’aurait pas dû être comptabilisé) et la réponse de Gérard Piqué qui a annoncé que le match ne serait pas rejoué ?

Le scénario est frustrant et énervant. Sur le coup, je nous en voulais parce qu’on aurait pas dû aller jusqu’à cette polémique. On s’est fait voler assez souvent. On sait que les arbitres avaient leurs préférences. Il y a que des arbitres espagnols, ils parlent tous la même langue. Mais il se passe tellement de choses que je pense qu’arbitrer un match de Kings League ça doit pas être simple.


E.P : Vous parliez entre vous du fait que cette compétition pouvait vous donner un coup de pouce pour vos carrières ?

Carrément. On voulait absolument être en finale au stade du Monterrey. On nous avait dit qu’il y aurait 57 000 personnes, donc on s’est dit qu’on serait vus. Je voyais que j’avais beaucoup de soutien des supporters de Nancy donc je faisais des gros matchs pour qu’ils se disent : “ramenez Yanis à la maison”. Il y avait d’autres anciens joueurs formés dans des clubs pros, donc les communautés de supporters nous ont aussi poussé comme ça. On savait que ça pouvait nous aider dans nos carrières.


E.P : Tu garderas quel souvenir de cette aventure et tu te verrais rejouer en Kings League ?

C’est une parenthèse dans ma carrière qui va rester gravée longtemps dans ma mémoire parce que c’était très spécial. Après, je reste attaché au foot à 11 qui reste mon sport depuis tout petit et qui est la base de tout. S’ils arrivent à installer cette compétition en France, je me laisserais peut-être tenter en après-carrière quand je pourrai moins courir. Je pense que c’est plus intéressant que le futsal en tout cas. Je mets le foot à 11 en premier et la Kings league en numéro 2 dans mes préférences.


Merci Yanis pour ta disponibilité, bravo encore pour ton parcours depuis ton départ de Nancy et tes fulgurances pendant la Kings League ! En te souhaitant peut être de bientôt rentrer à la maison... :) Juliette & Emile


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