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SEMAINE SPECIALE CDL - Pascal Berenguer

Nous démarrons cette semaine spéciale Coupe de la Ligue 2006 - 15 ans de souvenirs, avec une interview de Pascal Berenguer. L'occasion de revenir sur le parcours de l'ASNL avec le 6 emblématique de l'époque, « l'homme aux trois poumons » .  


Comment ça va, que deviens-tu ?  

Ça va bien, ça va mieux. Je suis en Normandie, sur Caen. Après ma période à Tours qui s'est mal terminée, j'ai arrêté ma carrière là-bas, il y a maintenant 5 ans et demi. J'ai eu un peu de mal pendant 3-4 ans à trouver ma voie dans la reconversion. J'ai fait pas mal de choses. En termes d'expérience c'était enrichissant mais pour finir, maintenant je suis banquier. Je suis conseiller au Crédit Agricole de Caen, je me rends utile aux clients. Quand j'étais joueur, on essayait de rendre heureux les gens à travers des matchs et des résultats. Et aujourd'hui, je rends service aux gens. J'ai complètement tourné la page du football. Je me suis écarté du monde du foot parce que j'ai vu l'envers du décor et ça m'a déplu. Moi qui suis quelqu'un d'intègre et de franc, et qui ai toujours été au service des autres, je ne me voyais plus là-dedans. Si j'avais fini ma carrière à Nancy, peut être que ça se serait passé autrement. Mais bon, c'est fait. Et puis pas de regret, au contraire. Les expériences, même si elles sont négatives, il faut en tirer du positif !

 
Ces 15 ans passés t’inspirent quoi ?

Ces 15 années sont passées très, très vite. Mais c'est comme si c'était hier. Aujourd’hui le club est en restructuration en ligue 2 et a connu des hauts et des bas. Mais il est toujours là, avec pas mal de jeunes qui arrivent quand même à faire de bons résultats. Il y a eu un avant et un après Pablo Correa. Ça n'a pas été évident de prendre la suite. Je pense qu'il y a eu des choses extraordinaires avec des joueurs totalement inconnus. A l’époque on était une famille, on était liés les uns aux autres. Moi, j'ai vécu 4-5 ans vraiment extraordinaires. On pouvait aller à la guerre ensemble. On avait un entraîneur qui nous connaissait par cœur, qui avait un management extraordinaire. C'est ça qui a fait sa force. Pablo a su tirer la quintessence de chacun d'entre nous, pour nous amener à notre top niveau. Et d'ailleurs moi, au niveau de mes performances, je suis parti de l'ASNL et je n’ai pas fait d'aussi belles performances. Tu prends n'importe quel joueur dans l'équipe, tu prends un Sébastien Puygrenier qui est allé en Angleterre, en Russie, ça n'a jamais été le Sébastien qu'on a connu. Pareil pour Pape Diakhaté, Issiar Dia. On a vécu des années incroyables et des résultats au-delà de toutes nos espérances. Puis, il y a eu cet après, il y a eu un tournant avec Jean Fernandez où ça ne s'est pas bien passé. Il a dégagé petit à petit les soldats de Pablo. Aujourd'hui, on revoit un peu l’ASNL avant Pablo Correa, avec des hauts et des bas. Jean-Louis Garcia a fait du bon boulot. Vu de l'extérieur, ce n'est pas évident. Ce qui m'a agréablement surpris, c'est la formation de Nancy qui, a contrario, a fait éclore des pépites. Il faut tirer un coup de chapeau au centre de formation pour les personnes qui sont là-bas et qui ont fait un superbe travail. Le plus important aujourd’hui c’est de se dire qu’il y aura de beaux lendemains !  

 

Quels souvenirs gardes-tu de la CDL ?

C'est une épopée qui a démarré avec un « vieux match » contre Sochaux. Sans trop de conviction. Et puis après, tu gagnes. Tu reçois encore à domicile. Tu gagnes. Et puis en fait, tu te dis tiens, t'es déjà en quart. Et je pense qu'on a pris conscience des choses après la victoire en quart de finale. Moi j'ai commencé à y croire. Là, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Pablo pareil. Son discours a complètement changé aussi avec cette victoire, je me rappelle. Il faisait la causerie avec des escaliers, avec des marches. Étape par étape. Je me rappelle d'une phrase où il disait : « Faut pas se poser de limites dans la vie, là, c'est pareil. Pourquoi pas nous ? Pourquoi pas aller chercher la Coupe ? » .  Et après ? C'est ce match en demi-finale. Le souvenir de la demi-finale est encore plus fort que la finale. Parce que c'était chez nous, il n’y avait que nous. On était à guichets fermés et il y a eu ce but extraordinaire de Manu Da Costa. Moi sur le terrain, je me suis carrément demandé c'était qui ce joueur. C'était extraordinaire. Quand tu vois ça sur le terrain, que tu vois le gamin qui prend le ballon, qui double tout le monde... Ça a été un très, très bon moment. Pas plus fort que la finale mais aussi intense.

Puis après en finale ça a été tellement particulier, mais c'est tellement passé vite. Avec le recul, on s'est dit qu'on n'avait pas assez profité. On n'a pas assez savouré. On aurait pu fêter encore mieux. Le match en lui-même, il n'était pas extraordinaire. On a bataillé, on a joué avec nos qualités. La première mi-temps a été solide. La 2e mi-temps, on a défendu comme des chiens, quand Sébastien s'est fait expulser. On a joué avec le cœur, avec nos tripes. On a gagné.  Sur cette finale, Nice aurait pu jouer des heures et des heures, je ne pense pas qu’ils auraient marqué le 2e but.  

J’ai été très impressionné par le public. Je me revois, en train de regarder la tribune. J’avais des frissons en voyant le stade se remplir très vite, très tôt. Et je nous revois, en costume, tout le groupe, sur la pelouse, avant le match. C’est un souvenir très fort.  

 

Revenons à la finale, en première mi-temps sur le but de Monsef Zerka c’est toi qui frappes en premier, qu'est-ce-que tu te dis à ce moment-là ?

Je ne sais pas comment je me suis retrouvé là. Manu (Duchemin) centre, Monsef (Zerka) fait une tête vers moi, je me dis, tiens, je suis tout seul dans la surface. Je pivote, je frappe du gauche. Moi, je me vois vraiment marquer. Mais Hugo Lloris fait un très, très bel arrêt. Sauf que je me vois vraiment marquer, alors je lève les bras au ciel et je pars en courant sur la gauche pour aller voir la tribune. Et là, je me dis « Put*** ! Je suis tout seul comme un abruti à gauche. Il n'y a pas un chat ! Personne ne m’a suivi » [rires]. Heureusement, Monsef marque, mais j’ai quand même un petit goût d’inachevé et je lui en veux un peu [rires].  Ça aurait été sympa de marquer en finale, mais peut-être que je peux considérer que j’ai fait une passe décisive ? [rires].  

 

Comment avais-tu abordé cette finale, psychologiquement parlant ?

Il faut tirer un coup de chapeau à l'entraineur parce qu'on sort d'une lourde défaite contre Marseille, 6-0. Il ne nous parle pas du tout de la défaite. Pendant ce temps-là, Nice gagne 4 à 3 contre Bordeaux, donc ils étaient remontés comme des pendules. Mais nous, la force qu'on a eu avec Pablo, surtout, la force de Pablo, c'est de sortir complètement de tout ça. Et d'entrée de jeu, il a dit : « Bon les gars, lundi, on se revoit au vert, tranquillement, on n’en parle plus. » La pression, on ne l'a pas ressentie. Pablo donnait toujours l'équipe au dernier moment, donc on était toujours tous attentifs. Et s'il avait donné l'équipe plus tôt, on se serait sûrement mis une pression en amont. Ça a commencé à monter finalement, lors de la causerie. Vers 16, 17h. Moi, je me souviens du moment lorsqu'il a donné la compo : j'étais titulaire, je me suis dit « Ca y est, tu y es. C'est parti. ». 

Sur ce management-là, il a vraiment assuré. Comme l’avait titré à l'époque l'Equipe : « Made in Correa » . C’était exactement ça. On était tous une famille, Pablo Correa, Paul Fischer, Arnaud Lesserteur, les kinés, tous. Y’a pas de secret. On était vraiment en synergie, et tous complémentaires malgré nos caractères différents. C’est aussi ça qui a fait notre force. On a vécu des supers moments, on a tous des souvenirs extraordinaires.

 

Qu’est-ce qu’il s’est passé dans ta tête au coup de sifflet final ?

Ça a été très, très vite, mais là on s'est dit, ça y est, on l'a fait. Je ne sais même plus ou je suis allé. J'ai dû aller prendre un drapeau Corse en tribune. Il y avait ma famille qui s'était déplacée. J'ai récupéré le drapeau et puis on était tous ensemble, tout le groupe. Je me rappelle qu’à la fin du match, on est restés un peu seuls sur la pelouse. On a un peu profité. Dans le vestiaire, ensuite, ça chantait, ça chantait... On était sûrs de nous pour ce match. En fait, on avait confiance en nous avant le match. On avait confiance en tout le monde. La Coupe de la Ligue, ça a été une émotion collective.  

 

Est-ce que tu as des anecdotes à nous partager sur le parcours en CDL ou avec l’équipe durant ces belles années ?

Des anecdotes en Coupe de la Ligue pas forcément, mais sur les années avec le groupe, oui !

Olivier Sorin avait un petit calepin dans le vestiaire. Toutes les mauvaises expressions qu'on disait, les fautes d'orthographe, les fautes de français, il les notait. Monsef Zerka avait la palme d'or. Moi j'étais pas mal, je pense qu’à un moment donné, j'ai récupéré le maillot jaune.

Je suis supporter de l’OM et, un matin, j’arrive au centre d’entraînement. L’OM avait de mauvais résultats. Je prends l’Equipe, et je vois « Pataquès à l’OM » . Je vais me faire masser et je vois Patrick Moreau, je lui montre l’Equipe, je lui dis : « Mais, Patrick. Qui c’est ce Pataquès à l’OM? Qui ils sont allés recruter ? » Patrick me regarde avec les gros yeux. Il y avait Olivier Sorin derrière, je lui dis, « Olive, viens ! ». Et ils me regardent tous les deux, ils me disent « t’es sérieux Pascal ? » . Je les revois comme si c’était hier, Olivier était allongé sur la table, il me regardait avec des gros yeux, il rigolait. Ensuite il a appelé tout le monde pour se moquer de moi. Qu’est-ce que j’en savais moi ! Pataquès ça aurait pu être le nom de quelqu’un... [rires]

Il y avait David Sauget aussi, il était fort pour faire des blagues. Un jour, avant un match amical, je pars aux toilettes. Je reviens juste avant de rentrer sur le terrain, et là, je vois mes chaussures : il avait enlevé les lacets et les avait remontés à l’envers. J’ai mis 1h pour les refaire ! J’étais énervé ! J’ai mis un coup de poing dans un radiateur, parce qu’en plus, j’étais remplaçant, et je suis un sanguin moi... [rires]. Je les revois encore, lui et Jonathan Brison, rigoler en me regardant.  

Un autre jour, ils m’ont fait un sacré coup. J’étais sponsorisé par Adidas et j’attendais une paire de chaussures. Tout le monde savait que j’attendais mes chaussures ! Je finis par les recevoir à l’entraînement, je les mets de côté. Je repars de la Forêt de Haye, avec mes chaussures dans la voiture. J’arrive à la maison, et là, je me rends compte qu’ils avaient remplacé mes nouvelles chaussures par des vieilles chaussures abîmées et moches ! J’ai dû faire demi-tour pour retourner en Forêt de Haye, j’ai fait un scandale ! [rires].  


Merci Pascal pour ton temps, tes réponses et ta bonne humeur ! En te souhaitant le meilleur dans ta nouvelle carrière. 

© Juliette Schang


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