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Jonathan Rivas « Je n'avais jamais vécu autant de victoires d'affilée »

 Joueur complet, expérimenté, familier du championnat de National (passé par Bourg-en-Bresse, notamment), Jonathan Rivas a rejoint l'ASNL en novembre. Il n'a pu commencer à jouer qu'en janvier 2024, à cause d'une suspension de six mois émise en juin 2023 suite à la prise d'un corticoïde pour soigner une allergie. 


Comment tu as vécu cette suspension de toutes compétitions pendant 6 mois ? C'est un énorme frein pour ta carrière.

Quand on te prive de ton métier, qui est aussi ta passion, c'est compliqué. Mais j'ai eu pas mal de temps pour cogiter à propos de tout ça car il s'agissait d'une allergie que j'ai traitée en août 2022 et j'ai été jugé seulement en juin 2023. Le jour où on m'a dit que c'était officiel, que je prenais six mois, ça m'a fait mal. Mais je ne suis pas quelqu'un qui dramatise ou qui se laisse abattre. J'ai utilisé mon temps pour faire des choses que je n'avais pas souvent le temps de faire comme voir ma famille et voyager. J'étais soulagé de reprendre l'entraînement en novembre.


Justement, comment tu as fait pour t'entraîner seul pendant plusieurs mois ?

J'ai fait des choses basiques : je suis allé courir seul, j'ai pratiqué d'autres sports en loisir comme le tennis et le padel. Je me suis obligé à garder un rythme, car six mois sans rien faire, c'est compliqué. Tu peux rapidement prendre du poids, perdre des capacité au niveau cardio et endurance. Donc je me suis pris en main ! J'ai bossé avec un préparateur physique car tout seul on se lasse vite. Il m'a donné une base de travail et finalement, c'est passé vite. De mon côté, je regardais des matchs, je réfléchissais à un point de chute... De bons clubs m'avaient sollicité, notamment Le Mans et Nancy.


Dans ces moments-là, le mental est primordial !

Oui, on peut fortement douter, se dire que le téléphone ne va pas sonner, qu'on va se retrouver sans rien. Mon mental, solide, a joué dans tout ça. Et puis c'était six mois mais ça aurait pu être deux ans. Les juges ont vu que j'étais de bonne foi, heureusement.


Tu as dis que tu avais été approché par Le Mans. Comment l'ASNL a manifesté son intérêt, et pourquoi avoir choisi Nancy ?

C'est Michaël Chrétien qui était en contact avec mon agent. Il cherchait à renforcer le secteur offensif, il me connaissait, et ça collait pile avec la fin de ma suspension. Tout s'est fait rapidement. J'ai vu qu'il y avait une vraie volonté pour le club que je les rejoigne. Je connaissais l'histoire de l'ASNL, ses infrastructures... Tout ça a pesé dans la balance.


Quand tu as signé, c'était Benoît Pedretti l'entraîneur. Mais entre temps, tout a changé avec l'arrivée de Pablo Correa. J'imagine que ce n'est pas une situation forcément facile à vivre car tu mets doublement les pieds dans l'inconnu ?

Une chose est sûre, c'était inédit. Cette année, c'est l'année où il ne se passe que des choses que je n'ai jamais vécu. Alors oui, j'ai signé avec un coach, Benoît Pedretti. J'ai échangé avec lui et une semaine plus tard, il se fait limoger. A ce moment-là j'ai demandé à mon agent et à Michaël Chrétien de me mettre en relation avec Pablo Correa. Je voulais avoir une discussion franche avec lui et savoir si j'étais dans ses plans. Il me connaissait déjà, m'a dit qu'il m'appréciait et qu'il avait envie de jouer avec moi. Si cela avait été l'inverse, il me l'aurait dit.


A quelle occasion tu as connu Pablo Correa ?

Je l'ai affronté quand j'étais en Ligue 2. D'ailleurs j'ai marqué mon premier but en pro avec le CA Bastia à Marcel Picot... Contre l'ASNL de Pablo Correa ! Et déjà à cette époque, j'avais été impressionné par la ferveur des supporters.


Toi qui a vécu l'arrivée de Pablo et la remontée au classement dans un entre deux, un peu à l'intérieur mais un peu à l'extérieur aussi puisque tu n'as pu jouer qu'à partir de janvier, qu'est ce que tu as pu observer ?

D'abord, quand je suis arrivé, je l'ai dis tout de suite : l'équipe n'était pas à sa place en étant 17e. J'ai essayé de comprendre ce qu'il se passait. En étant au sein de l'effectif, j'ai vu un groupe de qualité. Moi, je m'attendais à voir un groupe au bord du gouffre, sans vie, avec des joueurs qui tirent la gueule : mais pas du tout. Ça bossait déjà très bien mais il manquait quelque chose.

Je pense que Pablo Correa a su redonner confiance à tout l'effectif. La qualité est là, ça gagne, ça tourne très bien. On a un effectif avec une équipe qui joue, qui prend peu de buts et qui en marque. Je n'avais jamais vécu autant de victoires d'affilée dans ma carrière et cette remontée au classement, c'est un exploit. Je ne pensais pas que la réaction serait telle et aussi rapide !


Est-ce qu'il n'y a pas un risque de pression qui peut s'installer maintenant ?

Non, je ne pense pas. On joue tous nos matchs pour les gagner et c'est positif. On sait qu'on est attendu, forcément. Mais ça ne nous atteint pas. Le coach continue avec son mentra du « match après match » et c'est sans doute ce qui nous permet d'enchaîner.


Comment tu te sens ici ?

Très bien ! Je me suis vite intégré au groupe. En plus, c'est la première fois que j'arrive dans un effectif où je n'ai connu aucun coéquipier auparavant. Mais je suis sociable et le groupe a été super cool avec moi. Et même en étant arrivé tardivement et en ayant pu reprendre la compétition seulement en janvier, je n'ai pas eu de problème pour m'intégrer. Ça aurait pu être délicat en ne participant qu'aux entraînements. Mais j'étais au stade les soirs de match, j'allais au vestiaire après avec tout le monde.


Il y a du monde en attaque dans l'effectif, ce qui engendre de la concurrence. Comment tu le vis ?

C'est motivant car quand il y a des attaquants de qualité et que l'on est 3-4 à jouer au poste d'attaquant central, ça nous oblige à élever notre niveau de jeu à l'entraînement. D'un point de vue humain, ça s'est toujours très bien passé : on se donne des conseils, on se félicite quand quelqu'un marque. J'ai connu des groupes où la concurrence était compliquée à vivre. Mais pas ici. C'est ça qui fait aussi, je pense, les bons résultats que l'on a.


D'ailleurs, mon petit doigt m'a dit que tu t'entendais très bien avec Teddy Bouriaud. Déjà, est-ce que mon petit doigt m'a bien dit ?

Oui tout à fait ! Il m'a aidé pour mon déménagement avec Baptiste, Josselin et Marco. On s'est rapproché et moi je les ai invité à manger un truc ensemble après. On essaie de se faire des choses un peu à l'extérieur dans la semaine ou les week-end. On a les mêmes centres d'intérêts, même humour, on a des atomes crochus !


Le pauvre Teddy Bouriaud donc, qui s'est blessé, fin de saison pour lui... Entre ça et la blessure de Benjamin Gomel, c'est un peu la poisse. Comment réagi le vestiaire face à ça ?

Ça nous embête car ce sont des joueurs importants forcément mais heureusement, le groupe a de la ressource, les remplaçants prennent le relais. Je pense à Koto Camara notamment, qui est un super joueur et qui, je pense, peut pallier l'absence de Teddy.

On est tous touchés par ces blessures parce que ce sont des blessures handicapantes, les croisés ou la désinsertion de l'adducteur. Pour les croisés, je suis déjà passé par là, je sais ce que ça fait. J'ai rassuré Teddy et je l'ai conseillé. Et puis, d'un point de vue humain, ça fait chier car ce sont de très bons gars. Ça les impacte mentalement mais on est là pour eux, on les soutient.


On a bien senti la semaine dernière toute la hargne du groupe vis-à-vis de la défaite face à Niort et de l'arrêt de la superbe série en cours. La réaction ne s'est pas faite attendre face à Marignane. Ca peut être dangereux d'être hargneux, mais là, la frustration a été totalement transformée en réussite : comment tu explique ça ?

J'étais malade donc pas du déplacement à Niort mais j'ai regardé le match à la télévision et je vais te donner mon avis. Quand tu perds et que tu tombes sur une équipe plus forte que toi, bon, il n'y a pas grand chose à dire. Mais là... Tu te prends un penalty à la dernière minute, sur un fait de jeu très litigieux... J'étais super frustré derrière ma télé, alors je n'imagine même pas les gars sur le terrain.

Pour Marignane, j'étais encore malade, mais d'un point de vue extérieur, j'ai vu un groupe soudé, un groupe qui voulait montrer que c'était un accident de parcours. Pablo, à l'entraînement, est passé à autre chose très rapidement. Il nous a dit qu'il était content du groupe et que c'était un choix arbitral, qu'on devait faire avec et avancer vers le prochain match.


Tu as évolué en Ligue 2 et en National, quelles différences tu notes entre ces deux championnats ?

Pour être honnête, c'est une question qu'on m'a souvent posé, et je n'en vois pas énormément. Le national est plus costaud et plus physique tandis qu'en Ligue 2 ce sont les individualités qui font la différence. La qualité des stades et pelouses est aussi à noter.


Tu as été formé 2 ans chez les Chamois puis tu as passé 5 ans au centre de Châteauroux. A l'époque, au moment de signer pro, tu as tapé dans l’œil de plusieurs écuries étrangères en Angleterre ou en Allemagne (Fribourg). Finalement, tu décides de signer à Châteauroux. C'était important pour toi ?

Oui, ça a été une évidence car je sortais de plusieurs belles saisons avec mon club formateur. Bien sûr quand on est contacté par des clubs étrangers, ça fait plaisir, mais avec mes proches, on s'est dit que rester en France c'était la meilleure solution pour moi, qu'il fallait que j'y fasse mes classes. Je ne me voyais pas partir. Châteauroux voulait en plus continuer l'aventure avec moi !


L'année dernière, tu évoluais à Bourg-en-Bresse et le match retour a été assez costaud... Sur le terrain comme en tribunes.

Oui, d'ailleurs, ce qu'il s'est passé ce soir-là, on ne le voit jamais en National. C'est là que j'ai réellement pris conscience que Nancy, c'était un club de fou, avec des supporters nombreux et très impliqués... Cette réaction, franchement, je la comprends. Le club était en train de couler. C'était catastrophique.


Le foot et toi

Qu'est-ce qui t'as donné envie d'être footballeur ?

J'ai toujours été passionné par le foot depuis tout petit : à l'école quand on me demandait qu'est ce que tu veux faire plus tard ? Je n'avais qu'un mot à la bouche : du foot. Tous les jours j'allais jouer dehors. C'était une évidence. C'est une fierté pour mes proches et pour moi-même.

Tu aurais fais quoi sinon ?

Je n'avais aucun plan B ! C'était mon rêve et puis on part très jeune, à 13 ans j'étais au centre de formation, alors je ne réfléchissais pas au reste.

As-tu un club de cœur ?

Non. J'aime le foot en général !

Un joueur que tu admires ?

J'ai beaucoup aimé à l'époque David Villa. Quand j'étais petit c'était Thierry Henry. J'avais même envoyé une lettre à Arsenal pour avoir un autographe, j'avais eu une réponse avec une photo dédicacée...

Un match de légende ?

La remontada du Barça contre le PSG ! Il m'a marqué, c'est le match le plus récent où, je trouve, il y a eu un scenario de fou.


Et dans l'effectif, qui est le plus...

Bavard : Shaquil

Calme : Philippe Okardi

Serviable : Baptiste Aloé même s'il est parti... sinon je dirai Marco Teddy ou Josselin sinon ils vont être jaloux, bref la bande de déménageurs !

Capable de se perdre dans la Forêt de Haye : Koto Camara il est parfois à l'ouest

Organisé : Benjamin Gomel, il a tous ses petits protocoles...


Merci Jonathan pour ton temps et tes réponses intéressantes, en te souhaitant une belle moitié de saison sous les couleurs du club au chardon (+1 entière l'an prochain)! Et attention aux pollens ! 


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