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Gaëtan Bussmann : « C'est en se tirant tous vers le haut qu'on avance. »

Spinalien, défenseur central mais aussi latéral gauche, très endurant, pro du cheval à bascule et amoureux de l'Allemagne : c'est peut-être un bon résumé de Gaëtan Bussmann. En tout cas, il a répondu à mes questions aujourd'hui, et tout ce qui a été cité précédemment, ont été autant de sujets abordés avec le très intéressant N°24 de l'AS Nancy Lorraine.


Est-ce que tu as trouvé ce que tu étais venu chercher à Nancy ?

Complètement. Je m'y sens bien, je m'y projette sur plusieurs années encore. Alors mon souhait, ce serait de rester. Tout fait que je me sens bien ici, que ce soit sur le plan sportif, humain, familial, et encore plus depuis la reconstruction du club cette année. Je vis à Epinal, je fais les allers-retours tous les jours, mes enfants y sont scolarisés... Et moi je prends plaisir à venir à l'entraînement en Forêt de Haye tous les matins. Souvent, on me demande comment je fais pour faire les allers-retours tous les jours : honnêtement, en habitant en centre ville à Nancy, on peut facilement mettre 25 minutes pour monter en Forêt. J'aime autant faire mes 45 minutes d'autoroute !


Tu es vosgien, formé par Metz... Les supporters nancéiens t'ont adopté mais est-ce que tu avais une appréhension vis à vis des supporters de l'ASNL en arrivant en 2022 ?

[Rires] Oui, forcément, j'avais une petite appréhension. Mais elle s'est vite dissipée car je savais qu'en donnant tout sur le terrain, en jouant avec mes qualités, ça ne poserait pas de problème particulier. Aujourd'hui, tout ce qui m'importe, c'est de mouiller le maillot. Je fais abstraction du reste. Mon objectif, ce n'est pas d'être adulé. C'est de me battre pour le club, donner du plaisir aux supporters par les victoires, et tout ça passe par tout donner sur le terrain.


On sent, à travers tes sorties médiatiques et tes réseaux sociaux, que tu as un fort attachement à l'Allemagne, où tu as évolué plusieurs années. Quel est ton rapport avec le pays et son championnat ?

J'ai toujours été attiré par le championnat allemand. Géographiquement, j'en étais proche, donc j'allais régulièrement y voir des matchs. Quand j'ai eu l'opportunité d'y jouer, je n'ai pas hésité : ça correspondait parfaitement à mes attentes et à mes qualités. Quand je jouais latéral gauche, c'était porté sur l'offensif, les courses, l'endurance. C'était quelque chose d'évident pour moi. C'est un championnat que je suis toujours régulièrement, je suis resté proche de Mayence, que ce soit au niveau du club ou des anciens joueurs dont j'ai gardé le contact.


Qu'est-ce qui fait que tu t'y es épanoui ?

D'abord, l'ambiance. Les stades sont toujours pleins, l'engouement est fou : tu arrives une heure et demie avant le match, le stade est rempli, les gens sont chauds. C'est un ensemble de choses après. C'est proche de la France donc je pouvais facilement rentrer à la maison en week-end off. Au début, ça n'a pas été simple car l'allemand est une langue difficile à apprendre puis je parlais anglais comme un peu tous les français, pas très bien... Mais une fois que je me suis acclimaté, ça s'est bien passé. J'ai même eu du mal à revenir en France !


Tu as suivi une formation d'analyste vidéo : c'est toujours un projet d'après carrière ?

Alors, la formation, je l'ai terminée. Là, j'en ai entamé une deuxième. Justement, je travaillais avant que tu m'appelles ! Je prépare un D.U.G.O.S dans le sport management. J'essaye de me former sur mon temps libre, un peu dans tout, pour avoir une vision globale. Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire ni ce que j'ai envie de faire en après carrière donc j'essaye d'anticiper au maximum. Je ne veux rien regretter et utiliser mon temps libre avec intelligence.


Travailler en Allemagne, ça pourrait être un choix pour toi ?

Pourquoi pas ! Je ne suis pas bilingue mais je me débrouille bien donc déjà, c'est une force... Pourquoi ne pas en profiter ? Maintenant, beaucoup de joueurs français vont en Allemagne. C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses faisables, encadrer les jeunes français qui partent dans des clubs allemands par exemple, ça pourrait être intéressant !


Depuis ton arrivée à Nancy en 2022, tu as connu trois entraîneurs. Trois méthodes, trois staff différents. Comment on s'adapte à ça ?

Pour moi ce n'est pas difficile car j'ai déjà vécu une saison avec quatre changements d'entraîneur en Allemagne. C'est une grosse remise en question dans ces moments-là, les cartes sont redistribuées, on se fait concurrence. Le principal, c'est de s'adapter et de se remettre en question. Mais ça, il faut le faire même quand l'entraîneur ne change pas, d'un match à l'autre, on doit être en capacité de s'adapter !


Tu n'as pas eu énormément de blessures dans ta carrière. Et depuis que tu es à Nancy, aucune... Ça tient à quoi ?

Je pense qu'il faut être bien mentalement, bien dans sa vie, être stable. Ce n'est pas en allant au lit tous les jours à 3/4h du matin que tu peux être en forme le lendemain. Il faut avoir une bonne hygiène de vie. Après il y a une part de chance. Ça fait plusieurs années que je n'ai rien eu et que j'enchaîne les matchs donc je touche du bois.


Justement, ta condition physique et ton endurance sont impressionnantes. Comment on maintient un tel niveau années après années ?

J'y fait très attention. L'hygiène de vie est importante, et si tu donnes tout à chaque entraînement, ce sera forcément plus facile sur le terrain. C'est la mentalité allemande que j'ai gardé en moi, qu'on m'a inculqué là-bas. A chaque entraînement, si tu n'es pas à 100%, tu n'as aucune chance de jouer.
J'ai 33 ans : je sais en plus que si je montre l'exemple, les jeunes vont se dire « pourquoi pas nous » ? C'est en se tirant tous vers le haut qu'on avance.


Montrer l'exemple aux jeunes, la casquette de capitaine... C'est quelque chose qui te plaît ?

Bien sûr ! Quand j'étais plus jeune, il y avait toujours des anciens pour nous encadrer. Je m'étais dit que ce rôle me plairait plus tard. Si j'en suis arrivé là aujourd'hui, c'est parce qu'à l'époque on a été bien encadrés. Ces anciens-là étaient des exemples pour moi, c'était eux qu'on suivait. Capitaine ou non, j'agis toujours de la même manière avec eux.


C'est altruiste : ce que tu as reçu, tu as envie de le rendre aux autres !

Oui, et je sais que je suis plus proche de la fin de ma carrière que du début. Alors c'est le moment de donner !


Il y a d'autres valeurs qui sont importantes pour toi ?

Le travail personnel et le travail d'équipe, la mentalité... Le foot, c'est un sport individuel et à la fois un sport collectif. Si on veut tous en sortir gagnants, ça se fait à travers l'équipe. On doit s'entraider. Moi je fais toujours passer le collectif avant tout !


On a fait récemment un podcast avec Joffrey Cuffaut, et, j'y pense, car vous n'avez que 2 ou 3 ans d'écart. On parlait de la jeune génération, et il m'expliquait qu'il allait plutôt vers eux pour s'adapter à eux.

Ah ! Moi, je suis assez proche des jeunes, mais c'est vrai que maintenant, c'est plutôt à nous, les anciens, de s'adapter à eux. C'était tout le contraire quand je suis arrivé dans le monde professionnel. Les anciens, quand je rentrais dans le vestiaire, je leur serrais la main, à la fin de l'entraînement on leur lavait les chaussures, si tu faisais une panenka à l'entraînement t'étais mort... Une fois j'ai mis une balle piquée à un gardien, il m'a coursé sur tout le terrain pour remettre la balle sur moi ! Ce n'est plus comme avant. C'est plutôt à nous de nous adapter à eux.


Tu trouves ça mieux ?

Ah non je préfère l'ancien modèle moi ! Par exemple, les tables de massages après l'entraînement : aucun jeune ne pouvait passer avant les anciens. Maintenant, ils nous passent devant ! [rires]


Parlons un peu du jeu. Tu marques souvent de la tête. Quelles sont les qualités nécessaires pour ça ?

Les coups de pieds arrêtés doivent être bien tirés. Je pense que c'est une question de timing entre le tireur et le receveur, mais aussi ton jeu de tête, le gainage... C'est un ensemble ! On peut être grand et nul de la tête. L'avantage qu'on a avec cet effectif, c'est que l'on est plusieurs à être capables de marquer de la tête. Après les deux buts que j'ai marqué à la suite cette année, j'ai senti directement que le marquage sur les matchs d'après était plus appuyé. C'est ce qui a permis, par exemple, à Maxence, de marquer contre Dijon : il était moins surveillé que moi. Les buts de la tête sur coups de pieds arrêtés, ça a toujours été une de mes forces et il faut que ça le reste. C'est important dans une équipe que les défenseurs puissent marquer quelques buts dans la saison...


Tu es polyvalent : défenseur gauche, central, tu peux aussi jouer au milieu placé un peu plus haut... Tu as une belle faculté d'adaptation à différents postes. D'abord, tu préfères quoi ?

Maintenant je préfère jouer défenseur central. Jusqu'à l'année dernière je préférais être latéral gauche car je pensais que j'allais m'ennuyer en défense centrale et moins courir. Finalement, être en défense centrale me plaît car je sais ce dont le latéral a besoin comme j'y ai joué. C'est plus facile d'anticiper ses mouvements, savoir où il veut les ballons...


Pourquoi avant tu n'aimais pas et maintenant oui ?

Comme on joue à 3 il y a quand même pas mal de course à faire ! En plus, je sors des matchs en étant moins fatigué qu'en étant latéral et à mon âge je me dit que si je veux durer plus longtemps, pourquoi pas être DC, ça peut me permettre de jouer encore 4/5 ans à ce niveau. Je sais que latéral ça commence à être plus dur, sur les côtés les adversaires sont plus rapides, plus techniques. Je me sens bien DC et je me fais plaisir, c'est le plus important.


Question bonus : depuis quand pratiques-tu le cheval à bascule et quand pourra t-on venir te voir en compétition ?

[Rires] Alors, le cheval à bascule, pour expliquer l'histoire... J'avais complètement oublié de faire la vidéo. Quand on m'a relancé par texto, j'étais assis sur le cheval à bascule de mon fils... Il portait un bonnet de Noël... donc je lui ai demandé de me les prêter. On a dû faire deux vidéos car sur la première on était morts de rire avec ma femme... L'année prochaine il va falloir que je trouve quelque chose d'aussi bien !


Le foot et toi :

Qu'est ce qui t'as donné envie d'être footballeur ?

J'ai passé mon bac scientifique et jusqu'au lycée j'ai toujours voulu être prof de sport, je voulais être footballeur mais ce n'était pas mon idée principale. En franchissant les étapes les unes après les autres et en voyant que je les passais je me suis dit : pourquoi pas. Mais dans ma tête, c'était toujours les études avant le reste. 

As-tu un club de cœur ?

L'Olympique de Marseille !

Un joueur que tu admires ?
Gareth Bale

Un match de légende ?

J'en ai vécu un ! A Mayence, quand on a battu le Bayern. C'était Guardiola l'entraîneur, ils avaient Levandowski, Ribery... Ils étaient invaincus chez eux. On est arrivés là-bas, 15% de posession de la balle, victoire 2-1. C'était énorme.


Et dans l'effectif qui est...

Le plus susceptible de rire à une blague pourrie : Prince Mendy !

Le plus ambitieux : Teddy Bouriaud car il travaille énormément !

Celui qui a le plus les pieds sur terre : Martin

Le plus curieux : Lenny

Celui que tu préfères avoir en tant que coéquipier plutôt qu'adversaire ?
Eh bien... Moi ! C'est ce qu'on me dit à chaque fois. Quand on fait des groupes, ils sont dégoûtés d'être contre moi, car apparemment, je mets des taquets à l'entraînement... [rires].


Merci Gaëtan pour ton temps et tes réponses, ce fut une bien agréable discussion. On espère tous te voir faire le tour de Picot sur le cheval à bascule de ton fils à la fin de la saison sur un air bien connu de John Miles!  


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