
Vingt ans déjà. Il y a deux décennies que Nancy s'imposait pour la dernière fois chez les Verts. Une rencontre qui recèle de nombreux symboles que l'on a voulu vous remémorer avec des acteurs de l'époque. Souvenirs.
Il y a 20 ans, l'AS Nancy Lorraine s'imposait pour la dernière fois à Geoffroy-Guichard en championnat. C'était le 21 septembre 2005. Depuis, hormis une victoire en Coupe de la Ligue en 2016 (1-0, but de Maurice Dalé) – que l'on va laisser de côté, vous ne vous en voudrez pas, les Lorrains ne sont plus jamais revenus victorieux du Chaudron en huit tentatives (5 défaites, 3 nuls). En 2005, c'est une équipe de valeureux Nancéiens, déjà emmenée par Pablo Correa qui est venue assiéger le Chaudron pour s'imposer 2-0 et mettre fin à une spirale négative qui durait depuis le début de la saison.
C'était de prime abord un duel déséquilibré entre l'ASSE, mastodonte du football français et 5e avant la rencontre, face aux Nancéiens, tout juste champions de Ligue 2 et de retour dans l'Élite. Leur début de championnat est mitigé avec de nombreuses défaites, un match nul 1-1 dans le derby face à Metz et une victoire retentissante face à Rennes (6-0). "C'est notre première année en Ligue 1, on démarre avec beaucoup de doutes, beaucoup d'efforts, mais pas de récompenses", se souvient Gaston Curbelo, attaquant de l'AS Nancy Lorraine de 2000 à 2010.
Lors de la 8e journée, ils ont donc rendez-vous dans la Loire, dans le Chaudron. Un stade mythique que le jeune Adrian Sarkisian, milieu offensif uruguayen, avait hâte de découvrir. "Avant d'arriver en France, je n'en avais jamais entendu parler, reconnaît l'entraîneur adjoint de l'ASNL. Mais quand je suis arrivé, je parlais beaucoup avec Pablo (Correa). Lorsqu'on avait eu le calendrier, il m'avait dit : 'ça va être chaud, c'est un des stades qui a le plus d'ambiance, ça ressemble beaucoup à ce qu'on vit en Amérique du Sud." D'autant plus que la tâche s'annonce ardue. Les Verts n'ont plus encaissé un seul but en Ligue 1 depuis dix mois, leur gardien Jérémie Janot avec. La forteresse semble imprenable, mais les Nancéiens de Pablo Correa ont du cœur et le profil pour faire tomber le château de cartes.
À l'époque dirigés par Élie Baup, les Stéphanois sont en confiance. Un peu trop au goût de Gaston Curbelo qui se rappelle encore aujourd'hui de leur échauffement, un brin irritant à son goût. "Ils s'échauffaient avec légèreté, je ne sais pas s'ils nous prenaient de haut, mais je me suis dit : 'ils nous prennent pour des c*ns, on va les défoncer'. Je me rappelle notamment de Frédéric Piquionne qui faisait des gestes un peu nonchalants. Il ne m'en fallait pas plus. Il fallait trouver des trucs", raconte-t-il. Sur le terrain, les noms côté nancéien flairent les très bons souvenirs. Une équipe qui a fait rêver tout un peuple, dont certains sont aujourd'hui revenus au club pour faire perdurer l'identité nancéienne. Gennaro Bracigliano, Michaël Chrétien, Adrian Sarkisian, Gaston Curbelo, Adailton…
Capture d'écran FOOT+ - YouTube
Les images sentent bon le foot d'antan. Foot+, Philippe Genin au commentaire, une vidéo de mauvaise qualité (dont voici le lien, pour les plus nostalgiques d'entre vous). Dès l'entame du match, les Nancéiens sont à leur image. Peut-être plus faibles techniquement que leurs adversaires du soir, ils compensent par une débauche d'énergie qui a caractérisé le Nancy des belles années. "Quand j'ai revu le match, ça se rapproche de ce qu'on fait encore aujourd'hui. Il y a de l'intensité, toutes les lignes courent", salue Gaston Curbelo, le numéro 9 du soir en l'absence de Kim, blessé.
Très rapidement, les Lorrains multiplient les occasions et mettent à contribution Jérémie Janot, la muraille stéphanoise. À la demie heure de jeu, Gaston Curbelo se téléscope avec Vincent Hognon et sort se faire soigner, la tête en sang. Revenu sur le terrain avec un bandage, il s'en souvient encore aujourd'hui. "Je joue une grande partie du match avec un bandage et ça saigne, ça saigne. On se dit 'c'est un guerrier' et moi je suis fier de ça. J'ai continué à gagner des duels de la tête et à la fin du match, ils m'ont recousu avec trois points quand même." Qu'importe le vaillant Curbelo revient sur la pelouse et Nancy continue d'asphyxier une équipe stéphanoise surprise par l'intensité lorraine.
Quelques minutes plus tard, Adrian Sarkisian, préposé aux corners en l'absence de l'habituel artificier Benjamin Gavanon, botte dans la surface. Le ballon est repoussé sur Pape Diakhaté, qui voit sa reprise contrée. Le ballon revient sur Cédric Lécluse qui loge une magnifique volée à ras de terre imparable pour Janot, enfin battu après sa longue période d'invincibilité. (0-1, 33')
Les Nancéiens rentrent aux vestiaires avec l'avantage sur la pelouse des Verts. Dès la reprise, Gennaro Bracigliano est mis à contribution sur une tête piquée de Frédéric Piquionne (52'). "Genna nous fait un arrêt fantastique, se remémore Gaston Curbelo. Bien sûr on concédait des occasions à Saint-Etienne. Mais franchement le match était tellement dingue, ça faisait des allers-retours. Ça captait le ballon, t'avais Chrétien et Biancalani qui partaient sur les côtés. "Bianca" a 8 poumons. Tout le monde était attentif, des trucs de dingue, on était à la guerre."
Ce match est particulier pour Adrian Sarkisian, lui le nouveau venu en France depuis Al Ahli en Arabie saoudite. L'Uruguayen est aligné juste derrière Gaston Curbelo et va se trouver au bon endroit au bon moment. "Je me souviens de la frappe de Pascal Bérenguer, j'étais dans la surface comme un attaquant. J'ai eu de la chance, mais j'ai cadré et on dit toujours que quand on cadre, on a une chance de marquer." C'est en effet le jeune Adrian Sarkisian qui double la mise et marque par la même occasion son premier but en Ligue 1 (0-2, 66'). "Ce n'est pas le plus beau, mais le souvenir est là, il va rester toute ma vie", lâche-t-il.
Dans la chaleur "sud-américaine" du Chaudron, l'une des "plus belles ambiances de France avec Marseille et Paris", pour les deux joueurs, les Nancéiens s'imposent et lancent une série de 4 victoires. La suite, on la connaît, une année inoubliable avec le sacre mémorable en Coupe de la Ligue face à Nice, mais ça, c'est une autre histoire. Dans une situation similaire, les Nancéiens de Pablo Correa (et oui, encore lui) seraient bien inspirés d'imiter leurs illustres prédécesseurs. Parce qu'il n'y a pas plus beau stade en Ligue 2 pour le faire et parce que cela serait un très joli clin d'œil au destin nancéien.
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Alors que des affrontements face à des concurrents directs se profilent d'ici la trêve, les Nancéiens apparaisent faibles tout court.