L’entraîneur de l’équipe U18 R1 se confie en longueur avant d’affronter Troyes pour obtenir une place en finale de la coupe Gambardella. Son rapport à Nancy, la préparation de ce grand rendez-vous, leur parcours héroïque et les rumeurs autour de la fermeture du centre de formation… Avec Nicolas Florentin, le directeur du centre de formation, le coach retrace cette année extraordinaire pour les jeunes nancéiens…
Que représente Nancy pour toi ?
Je suis né ici, mon père a joué ici. J’ai fait toute ma carrière de footballeur en France à Nancy (NDLR : il a joué trois ans au Huracan Buceo en Uruguay avant d’arriver à l’ASNL en 2000). On m’a donné l’opportunité de commencer le métier d’entraîneur avec de la préformation, il y a plus de dix ans. Je n’ai pas envie de dire que c’est toute ma vie, mais c'en est une très très grande partie.
En quoi consiste ton travail d’entraîneur des jeunes en centre de formation ?
L’objectif est d’accompagner le développement des gamins. Il y a le développement tactique, technique, mais le plus gros développement touche tout ce qui est physique. Au fur et à mesure que ça grimpe en catégorie, la compétition prend de plus en plus de place dans le cursus du gamin. Avoir aussi du temps de jeu partagé, essayer de développer et les mettre dans des postes qui ne sont pas forcément les leurs pour développer tout ce qui est tactique. Aussi parce que c’est pas rare qu’un gamin qui arrive attaquant finisse défenseur central en pro. C’est très enrichissant de voir ce qui se passe sur le terrain, ailleurs que sa position de base.
On imagine que c’est quelque chose qui te plaît ?
Oui, énormément. Après, il y a des moments compliqués parce que les générations changent, notamment par rapport à nous. Par rapport au monde pro que j’ai connu, il y a énormément de différences dans ce qui est approche du métier. Pas que dans le foot, c’est la société qui évolue. Il faut s’adapter sans trop renier ce qui fonctionne, parce que le foot reste la même discipline. Travail, solidarité, dépassement de soi, il y a 50 ans, aujourd’hui et dans 50 ans, ce seront les mêmes valeurs, je pense. Même si le foot bouge car ça va plus vite, c’est plus tactique, plus technique et pour ça travailler encore plus pour s’adapter.
Comment as-tu géré tout ce qui se passait autour du club cet été et notamment la rétrogradation des U19 nationaux en U18 régionale ?
Évidemment c’est plus prestigieux de jouer en U19 nationaux, mais comme dit beaucoup M. Florentin, le directeur du centre, il y a plus d’une vingtaine de matchs de championnat et plus de 250 séances d’entraînement et c’est là où on progresse le plus. Même si c’est l’adversaire qui fait que les joueurs sont plus motivés avec le contexte compétitif. Mais ce championnat U18 permet aux gamins de se concentrer sur le quotidien et de ne pas attendre le week-end. Tous les jours, ils doivent être meilleurs que la veille.
Nicolas Florentin : Je me permets d’ajouter qu’on ne dénigre surtout pas les adversaires. Au contraire, on a de très bons rapports avec les équipes de ce championnat.
Gaston Curbelo : Le gamin qui a compris ça, il va avancer parce que peu importe contre qui il va jouer, il va se concentrer sur lui-même et se dépasser. Parce que c’est plus dur de se motiver contre des adversaires moins prestigieux.
Comment expliques tu l’invincibilité de ton équipe cette saison ?
Le niveau de nos joueurs fait qu’il y a de la qualité individuelle. Je suis pas forcément un coach porté sur l’attaque à outrance, il faut qu’il y ait un équilibre. Parce que quand on va arriver chez les pros, Nancy n’a jamais été un club porté sur l’attaque à outrance, et il faut qu’ils soient formés pour coller à ça. Des joueurs équilibrés qui fassent les aller-retours, les efforts offensifs et défensifs.
Vous avez aussi une excellente défense, avec seulement 15 buts encaissés depuis janvier…
Tout le monde attaque et tout le monde défend (rires). D’ailleurs, on prend trop de buts, il y a plein de buts largement évitables. Le foot de haut niveau veut que s’ils veulent devenir pros, il ne faut pas encaisser de buts. Mais c’est la formation il faut qu’ils réussissent à ne plus répéter ces erreurs. Car elles ne sont pas interdites, c’est de les faire deux ou trois fois qui est plus embêtant.
Quels liens entretiens tu avec tes joueurs ?
La génération entière, à part un ou deux, est entrée en U16 et j’étais leur coach, donc ça fait trois ans que je les entraîne pour certains, voire plus. Je les connais et ils me connaissent. On aime bien rigoler et être proche parce que je trouve que c’est une bonne entrée pour les gamins. Par contre, quand ils sont au travail, c’est sérieux. Je ne suis pas distant par rapport à mes joueurs.
A propos des déclarations récentes de Krishen Sud et les rumeurs autour d’une fermeture du centre de formation, comment en parles tu à tes joueurs ?
On sait qu’ils suivent les infos, les parents qui s’inquiètent. Mais bon, c’est un peu notre quotidien depuis trois, quatre, cinq ans et on est toujours là. On travaille encore plus.
Nicolas Florentin : On a demandé à tous les gamins du centre d’être concentrés, ensemble et que la réussite allait arriver là. On reste focus sur le sportif et on tente d'enlever ça de leur tête. Retourner au terrain et amener beaucoup de positivité dans cette semaine là.
Gaston Curbelo : De toute façon, la réponse c’est sur le terrain. A moins de faire une très grande carrière, des moments de flottement comme ça sur la suite, que ce soit personnel ou collectif, il y en a plus que soulever une Coupe de la Ligue. La meilleure réponse c’est à l’entraînement et les jours de match.
Sur votre parcours en Gambardella, contre Saint-Etienne vous passez à la dernière minute et contre le Stade Briochin, vous inscrivez trois buts en fin de match, c’est le signe d’une équipe qui ne lâche rien ?
C’est pas moi, c’est les valeurs du club, de ne rien lâcher. C’est vrai que ça ressemble aux valeurs de l’Uruguay, c’est une évidence. On (les éducateurs) n’est pas passé pros parce qu’on était des artistes, mis à part Nicolas Florentin... [rires]. Tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin, il y a toujours moyen d’aller chercher quelque chose. Il faut lutter jusqu’au bout.
Ça représente quelle charge de travail pour les joueurs d’arriver à une demi-finale de Gambardella comme ça ?
La semaine de Gambardella est différente. On fait un grand groupe avec les U17 et les U18, voire avec les U16, sur les premiers tours de Gambardella. Au fur et à mesure de la semaine, on en enlève. Il y a plus un travail sur l’adversaire, qu’en championnat on ne fait pas. On essaie de mettre en place, de les sensibiliser, de les conseiller en étant vraiment focus sur ce match-là. C’est aussi atypique avec des retours de blessure. De toute façon, c’est pas à ce stade de l’année qu’on va s’améliorer physiquement. On fait juste du travail pour les réveiller. On fait des longues mises en place. On est allé à Picot et on y retournera demain, chose qu’on ne fait jamais.
Comment est-ce que tu gères le fait d’avoir souvent deux matchs par semaine et la fatigue qui s’ensuit ?
On essaie de voir avec les yeux, à défaut d’avoir des GPS. C’est beaucoup au ressenti, la proximité avec les gamins qui vont aller se confier chez le kiné et on essaie d’alléger les séances entre les matchs.
Nicolas Florentin : Le calendrier n’est pas bien fait, je n’ai pas peur de le dire. Il est bien fait pour les premiers tours, mais pas pour qu’une équipe U18 aille loin en Gambardella. Tu vas avoir des matchs décalés les mercredis avec les tours de Gambardella qui se jouent en même temps que les matchs. En plus, réglementairement parlant, tu ne peux pas faire jouer les U17 qui ont joué le week-end, car ils sont considérés comme l’équipe 2 des U18. Il y a trop de contraintes et de complications pour qu’une équipe aille loin. C’est difficile à encaisser.
Gaston Curbelo : On a joué six matchs entre notre victoire face à Metz et notre tour en Gambardella. Tandis que Troyes en a joué seulement trois. Ça tire sur la corde avec quelques blessures pendant le mois dernier.
Qu'est-ce que ça t'as fait d'aller à Picot pour faire jouer tes jeunes contre Metz ?
Le club nous a permis de faire trois séances sur la pelouse avant le match contre Metz pour pouvoir prendre ses repères. Lors de la première séance, je leur ai fait faire des passes du milieu vers l’extérieur pour qu’ils se rendent compte de la distance. Pour moi, à chaque fois que je rentre à Picot, ça fait quelque chose, même s’il y a personne. C’est sacré pour moi Picot. Picot, c’est Picot.
Ça vous avait touché, les joueurs et toi l’appui du public contre Metz ?
Oui, c’était une bonne pression. Toute la semaine d’avant on savait qu’il allait y avoir du monde, je ne savais pas comment allaient réagir les gamins et c’était super.
Comment est-ce que vous avez géré l’après qualification dans le derby ? Il y a eu beaucoup d’euphorie, est-ce que c’est vite redescendu ?
On est allé jouer à Vertus et on a gagné (3-1), mais en jouant mal. Je leur ai dit : “Je ne vais pas m’énerver aujourd’hui. Je sais que vous êtes dans l’euphorie.” Même quand l’adversaire est un peu moins prestigieux, si on ne met pas les ingrédients… J’ai profité de tous les matchs pour leur rappeler d’utiliser ces matchs pour se préparer et mettre en place des choses.
Dans quel état d’esprit vous abordez ce match contre Troyes ?
Déjà, on est en demi-finale de Gambardella donc j’espère que tout le monde se rend compte que c’est un beau parcours. Il n’y en a que quatre qui arrivent en demies et si on perd, on perd contre le finaliste. Pour moi, c’est le meilleur adversaire jusqu’ici. C’est un mélange entre ce qu’il y a de bien à Saint-Etienne et ce qu’il y a de bien à Metz, le tout réuni dans une seule équipe.
Que dirais tu aux supporters pour qu’ils viennent encourager les jeunes ?
Les gamins méritent d’être soutenus par le plus de monde possible, par rapport à leur parcours. On en a besoin, parce que contre Metz ça nous a permis de nous surpasser et ça joue en notre faveur. A ce propos, on voulait jouer à 19 heures, parce que c’est historique, c’est une fête.
[NDLR : Troyes a refusé]
Nicolas Florentin : Quand j'ai appelé pour demander à l’ESTAC de décaler, c’était surtout pour les gamins et les équipes du club. Les gamins des clubs autour qui jouent en même temps, les gens qui travaillent… Pour que le petit qui a 10 ans, 14 ans qui joue à Ludres, à Saint-Max, puisse venir avec ses parents, mais le club troyen a refusé. S’ils disaient oui c’était réglé, on aurait joué dans la soirée. Ils ont leurs raisons logistiques…
Merci à Gaston et son staff pour l’accueil et cet échange. Bonne chance à l’équipe pour leur demi-finale contre Troyes, samedi à 16h !
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